Énigme 6 – Plus trente
La Saint Boniface de Mayence, soit le mardi 5 juin 1894
Solution de l’énigme
Dans cette énigme, il s’agissait tout d’abord localiser le point d’arrivée du parcours de Jean R. à l’aide du texte et du visuel, à savoir l’ancien chalet de la Grande Têpe. Le déchiffrage de la charade et du code permettait ensuite de découvrir un azimut à effectuer depuis le Mont-Tendre, qui visait une borne de triangulation non loin de là. Il s’agissait alors de retenir l’ancienne altitude, qui a subi un important correctif:
L’origine de toutes les mesures altimétriques en Suisse est le «Repère Pierre du Niton» situé dans la rade de Genève. Il sert pour tous les travaux topographiques et cartographiques effectués en Suisse. Son altitude initiale («ancien horizon») de 376,86 m au-dessus du niveau moyen de la mer Méditerranée (défini par le marégraphe du port de Marseille) a été déduite au 19ème siècle de l’altitude du Chasseral, laquelle avait au préalable été déterminée par rapport au marégraphe de Marseille par des ingénieurs géographes français mais avec une assez faible précision. Cet horizon initial a été utilisé pour les mesures altimétriques effectuées en Suisse au 19ème siècle (nivellement de précision entre 1864 et 1891) et pour les cartes Dufour et Siegfried. [source: http://www.sentier-geomatique.ch/prof_savoir_plus.pdf]
Ce qu’il fallait retenir
1. Une altitude à noter: borne altimétrique à côté du Levant, ex. Grande Têpe, altitude 1298 m. (ancien Horizon)
2. Un point sur la carte: borne altimétrique à côté du Levant, altitude actuelle 1294.8 m., coordonnées 2’509’365, 1’168’290
IS associées à l’énigme
#3: « Ne perds pas le Nord, beaucoup de choses ont changé depuis lors. »
#5: « fel catt set uo TnoM » ["Mon Tout est ta clef", avec la marche à suivre pour le décryptage du cryptogramme]
La résolution en détail
Titre
Le titre « Plus Trente » pointait un événement qui s’est produit le 1er juin 1894 : la Suisse a avancé son heure de 30 minutes pour coïncider avec le fuseau d’Europe Centrale UTC+1, avant c’était l’heure de Berne qui s’appliquait. De manière accessoire, on pouvait comprendre qu’il s’agissait d’effectuer des opérations mathématiques sur les chiffres du cryptogramme. Indice temporel: Ce titre, d’apparence anodine et spontanément associé à l’énigme elle-même, permettait en fait de confirmer la datation exacte de la rédaction des énigmes par Jean R., préalable indispensable pour la résolution complète de la chasse.
En Suisse, le Conseil fédéral adopta en 1894 l’heure d’Europe centrale, fondée non plus sur un phénomène astronomique valable pour le pays, mais sur une convention internationale, pour les entreprises de transport relevant de la surveillance fédérale et pour le trafic postal et télégraphique. Il n’était en revanche pas de sa compétence de fixer une heure valable pour l’ensemble du pays, mais les cantons, faisant usage de leurs prérogatives, introduisirent en 1894 également ce fuseau horaire sur leur territoire, parfois après des débats publics mouvementés. Ainsi depuis 1894, la Suisse possède un système de mesure du temps unifié. [source: dictionnaire historique de la Suisse]
Visuel
Le visuel représentait le chalet d’alpage de la Grande Têpe, tel qu’il se présentait avant 1934 (année de son incendie) et à son emplacement d’origine, soit à la place de l’actuelle cabane du Levant. Le balancier invitait à s’intéresser aux questions d’angles.
La photo qui a permis la réalisation d’une illustration de la Grande Têpe fidèle à l’époque de Jean R.
[source: histoirevalleedejoux.ch]
Texte
Le cheminement
Le texte décrivait le chemin suivi par Jean R. pour se rendre de l’Abbaye (thème de l’énigme précédente) jusqu’au lieu à trouver dans cette énigme. Ce trajet était inspiré par l’existence du chemin du Ministre et l’anecdote suivante:
Il se forma deux paroisses protestantes, l’une au Lieu, l’autre à l’Abbaye. Elles furent longtemps desservies par le même pasteur, qui résidait dans lebâtiment du couvent. D’ordinaire il se rendait au Lieu en bateau et montait les Roches-fendues par un petit sentier qui s’appelle encore aujourd’hui le Chemin du ministre. Un de ces messieurs se noya en faisant le trajet. [source: Lucien Reymond, notice, 1887, in histoirevalleedejoux.ch]
Extrait des solutions des inventeurs: une partie du chemin parcouru par Jean R.
La charade
Mon premier est bien mon premier. = « Mon », soit le premier mot de la phrase
Mon second est comme l’âge de l’innocence. = « tendre » (en référence à l’âge tendre)
Mon tout est à chercher là, en face. = Le Mont Tendre se situe en face, de l’autre côté du lac (faisant de cet endroit l’un des plus beaux points de vue de la Vallée de Joux).
Mon tout est à Chercher Là, En Face. => la dernière phrase de la charade donnait également l’utilité de sa solution, de manière phonétique et « acronymique » (également donné par l’IS #5) : Mon tout est (t)a C L E F
Le cryptogramme
Il s’agissait de commencer par appliquer la clé, soit « Mont Tendre », en boucle (la clé fait 10 lettres et le code 50, soit 5x la clé) et à l’envers (selon la manie de Jean R.) sur les chiffres, en additionnant (le titre faisant référence à cette opération):
Extrait des solutions des inventeurs
En commençant par la fin: -7 +M = -7 + 13 = 6, 141 + O = 141 + 15 = 156, 40 + N = 40 + 14 = 54, etc.
On remettait alors les chiffres dans le bon sens, en conservant le découpage:
6, 156, 54, 78, 126, 120/12, 20, 56, 80/27, 81, 126, 153, 189, 9, 126, 180, 45/24, 30, 42, 108, 30, 114/12, 27, 72/32, 84, 36, 80/91, 63, 98, 147, 140, 35, 133/104, 20, 72, 60/133, 35, 21, 105, 98, 28, 35
En observant les nombre, on constatait qu’il s’agissait de multiples identiques dans chaque bloc. On divisait alors chaque nombre par le nombres d’éléments dans chaque bloc: 6, 156, 54, 78, 126, 120 est divisible par 6, soit: 1, 26, 9, 13, 21, 20. On procédait de même pour tous les blocs et on obtenait la suite suivante:
Extrait des solutions des inventeurs
Il ne restait alors plus qu’à appliquer A = 1 pour obtenir le texte en clair:
AZIMUT CENT CINQUANTE DEGRES DIX HUIT MINUTES ZERO SECONDE
L’enchaînement des étapes s’étant révélé assez difficile, l’IS #5 est venu au secours des chercheurs en fournissant la marche à suivre pour le décryptage.
Il restait à comprendre comment appliquer cet azimut. Les chercheurs qui l’ont appliqué depuis le Mont-Tendre étaient bien inspirés, vu qu’il passe exactement sur une borne altimétrique située non loin du chalet de la Tềpe (Le Levant).
Cartes extraites des solutions des inventeurs: azimut 150° 18′ 0 » depuis le Mont Tendre
La signature
Il restait alors à comprendre l’inscription 3221-LE, soit 3 2 2 1 – 12 5 qui devait être comptés sur le dernier vers de la charade (les 3 vaches indiquent de s’intéresser aux 3e vers): MON TOUT EST A CHERCHER LA EN FACE
Et on obtient NOTE-LA. Les quatre chiffres étaient également un clin d’oeil à la solution qui est à noter, soit une altitude à 4 chiffres.
Rappel de la solution
1. Une altitude à noter: borne altimétrique à côté du Levant, ex. Grande Têpe, altitude 1298 m. (ancien Horizon)
2. Un point sur la carte: borne altimétrique à côté du Levant, altitude actuelle 1294.8 m., coordonnées 2’509’365, 1’168’290
Pièges/fausses pistes
- Chercher à utiliser le « Plus Trente » dans l’énigme ouvrait le champ de nombreuses fausses pistes.
- 3221-LE induisait en erreur le chercheur pensant deviner « NOTE-LE » passant ainsi à côté de l’altitude.
- Il s’agissait de ne pas tomber dans le piège de confondre l’actuel chalet de la Têpe avec l’ancien ou de retenir la nouvelle altitude. L’IS #2 devait permettre de rendre attentif à ces pièges (spécifiquement dans cette énigme, mais aussi de manière générale dans la chasse).
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