Énigme 8 – Les Grandes complications
La Saint Nicolas de Tolentino, soit le lundi 10 septembre 1894
Solution de l’énigme
La huitième énigme de cette chasse au trésor était véritablement une énigme charnière. Une fois l’énigme précédente (énigme 7 – Bois d’avenue) décryptée et avant d’entamer celle-ci, le chercheur avisé devait se pencher sur la carte pour faire un état des lieu des 7 premières énigmes. Cela lui était d’ailleurs fortement suggéré par plusieurs IS (voir ci-dessous). L’observation de la carte et des 7 points notés, permettait de repérer un heptagone presque parfait. Le chasseur pouvait alors en déduire qu’il avait abouti un cycle de 7 énigmes formant un ensemble. En déterminant l’année d’écriture du carnet par Jean R. au moyen des indices temporels distillés dans les 7 premières énigmes, l’on pouvait comprendre qu’il fallait utiliser les noms des jours. Le déclic pouvait évidemment aussi se faire une fois l’énigme 8 entamée, voire au sortir de celle-ci, en s’intéressant à l’affichage des jours sur la montre (sur lequel l’attention était portée par l’absence d’aiguille) et à son mécanisme.
L’anecdote de l’inventeur
A l’issue des sept premières énigmes et qu’on comprend qu’on a une étoile, une pièce d’horlogerie, là on se dit wouah, je tiens quelque chose, et ça valide toutes les découvertes.
L’énigme en elle-même plaçait l’horlogerie au centre de l’attention, permettant ainsi de mettre le chasseur sur la piste du mécanisme de l’étoile des jours. Il s’agissait alors de comprendre qu’il fallait tracer l’étoile en utilisant les points notés comme intersections des lignes et non comme les pointes de l’étoile (chose que l’on aurait spontanément envie de faire).
Ce qu’il fallait retenir
1. L’étoile des jours tracée sur la carte (au plus tard à la fin de cette énigme)
2. La détermination de l’année d’écriture des énigmes par Jean R. en 1894
3. Les 7 jours de la semaine attribués à chacun des 7 points inscrits sur la carte (solutions des 7 premières énigmes)
4. Une pointe tracée aboutissant dans le Lac Brenet
5. Un nom à noter: LAC BRENET
6. La mesure: la ligne vaudoise, soit 3 mm
IS associées à l’énigme
#6: « Jusqu’en juillet elles se ressemblent et s’assemblent, puis cela se complique dès septembre. »
#10: « La clarté t’apparaîtra une fois les sept qui s’assemblent notés. »
#12: « Pour tracer celle qui brille il faut savoir dépasser les bornes. »
#13: « Au moment de la tracer, le doute est permis. Mais sache que la pointe coule presque de source. »
#15: « Dans l’intervalle, le doigt la fait avancer de quatre pas. »
#16: « Les complications donnent également la mesure. »
#18: « …LUniversellece st u npi egen enten ez p ascompt e. »
#22: « La mesure est vaudoise. »
La résolution en détail
Titre
Le titre annonçait d’entrée de jeu la couleur: au sens symbolique, c’est à partir d’ici que la chasse allait se jouer; au sens littéral, c’est à partir de ce point que les complications horlogères allaient être d’une importance capitale.
Visuel
Au centre du visuel trône une montre exceptionnelle, qu’il s’agissait d’identifier dans un premier temps, puis d’en tirer de précieuses informations à partir d’anomalies rencontrées dans l’illustration. Les bâtiments à droite et à gauche fournissaient des indications quant à l’origine de cette montre: facilement identifiable à son enseigne, l’Hôtel de la Lande existe toujours aujourd’hui et permet de situer le lieu au centre du village du Brassus; la bâtiment à gauche, après quelques recherches complémentaires, se révélait être la maison où habita et travailla Ami Lecoultre. Ce dernier est le créateur de la montre La Merveilleuse, réalisée en collaboration avec Louis Elisée Piguet (qui a par ailleurs travaillé et créé de nouveaux mécanisme pour la Maison Louis Audemars!) et présentée, après 4 ans de travail, à l’exposition universelle de Paris en 1878. On peut l’admirer aujourd’hui au Musée International de l’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds.
Les informations utiles issues de le montre
- Principales caractéristiques: 12 complications, 16 aiguilles, diamètre du mouvement 20 lignes, boîtier 60mm, mouvement Lépine.
- L’aiguille du quantième perpétuel manquait, attirant l’attention sur l’importance de la datation de l’énigme au jour près.
- L’aiguille des années bissextile indiquait la 2e année, ce qui permettait de confirmer une nouvelle fois le choix de 1894 (la prochaine année bissextile étant 1896).
- L’aiguille des mois indiquait « sept. », petit coup de pouce pour la date de l’énigme
- Les aiguilles et rattrapantes du chronographe n’avaient pas d’importance particulière
- Les aiguilles heures, minutes et réveil manquaient également: elles avaient le rôle « d’écran de fumée » masquant l’importance des questions de date.
- La température est de saison, rien de particulier à signaler
Il y avait ensuite 3 anomalies d’ordre numérique:
- XII au lieu de VII sur le cadran des heures (gauche)
- Le X au lieu de XI du cadran des mois (droite)
- Le « 35″ au lieu de « 25″ dans l’indication de la température
Le total de ces anomalies permettait de confirmer, une fois de plus, l’année des énigmes, à partir de l’année de la montre: 5 + 1 + 10 = 16 et 1878 + 16 = 1894
Texte
Le texte faisait mention du développement de l’horlogerie à la Vallée de Joux au 18e siècle. Le mot « merveilles » de la deuxième phrase devait mettre la puce à l’oreille ou confirmer la découverte de La Merveilleuse. Les deux autres montres citées, également parmi les plus compliquées jamais construites avaient des rôles différenciés: La Royale créait un lien avec le trésor car elle a été réalisée par la Maison Louis Audemars; quant à l’universelle, elle devait jouer le rôle de fausse piste pour « semer le doute » dans la datation. Une IS est venu confirmer qu’il s’agissait d’un piège, dont il ne fallait pas tenir compte. Bien que vendue en 1899 (soit 5 ans après la rédaction des énigmes), sa construction avait débuté bien avant et il était tout-à-fait probable que dans cette temporalité Jean R. en ait eu connaissance ayant lui-même fait construire sa propre montre par ces mêmes horlogers.
Cryptogramme
Pour résoudre le cryptogramme il s’agissait d’utiliser les jours de la semaine, dans l’ordre des énigmes, comme clé de soustraction. Ceci était suggéré par l’absence de l’aiguille des jours sur l’illustration de la La Merveilleuse.
ZJDEKXIUQNPSAXJNICEBCTMWXNGSOFMJRUAWBHJVXHWIVEJFXGRFNDVOPNKZISCXMRSSV
VENDREDILUNDIJEUDISAMEDIDIMANCHEMARDIMERCREDIVENDREDILUNDIJEUDISAMED
Soit Z – V = 26 – 22 = 4 = D, J – E = 10 – 5 = 5 = E, D – N = 4 – 14 = 16 = P, etc.
L’on obtenait ainsi la phrase en clair:
DEPASSE LES BORNES ET LA POINTE TRACEE ET ISSUE DU PREMIER TOMBERA
A L’EAU NOTE LE NOM
Interprétation
Pour utiliser ces instructions, il s’agissait d’avoir au préalable tracé l’étoile des jours (voir ci-dessus) ou de la tracer à ce moment-là: l’énigme demandant en effet de tracer à partir du point lundi et donc de chercher à identifier celui-ci. Ce qui est possible à partir des noms des saints, mais seulement en sachant l’année, ce qui permettait de rechercher les informations nécessaires si ce n’était pas déjà fait. L’on pouvait alors associer à chaque point noté un jour de semaine correspondant à la date du saint.
La première partie de la phrase amenait le chasseur à sortir des frontières, à savoir à tracer l’étoile des jours en utilisant les points notés « en creux » (l’étoile aiguë, avec les points trouvés en pointe était la plus évidente. Il fallait s’en méfier et s’intéresser plus près du mécanisme de la montre et à la façon dont l’étoile est arrêtée sur un jour : au moyen d’un « sautoir », sorte de cran d’arrêt qui se place dans le creux, entre deux branches). La seconde partie enjoignait de tracer une pointe supplémentaire « issue du premier », sous-entendu le premier jour, donc issue du point « lundi », soit le Lac Ter. La troisième partie de la phrase permettait de confirmer le résultat, sachant que la pointait devait aboutir dans l’eau. La dernière partie enjoignait de noter le nom de l’eau, soit « Lac Brenet ».
L’IS #13 « Au moment de la tracer, le doute est permis. Mais sache que la pointe coule presque de source. » aidait à confirmer le traçage de la pointe, dont la branche inférieure passe « presque » par la source de la Lyonne (dans le hauts du village de l’Abbaye).
La mesure
Arrivé à ce stade, une chose non utilisée devait encore chatouiller le chercheur: le regroupement des lettres du cryptogramme n’a pas encore servi.
Ce qui amenait à chercher un 2e cryptogramme caché dans l’énigme et qui se résolvait à
l’aide du nombre d’éléments de chaque regroupement: 1 7 1 2 5 4 3 1 2 14 1 4 4 3 4 2 11
Il s’agissait ensuite de compter ceux-ci sur la première phrase du texte en partant de la fin:
AU SIECLE PASSE SAMUEL OLIVIER MEYLAN A RAMENE UN METIER ET ASSUREMENT AVEC LUI UN GRAND ART
L’on obtenait: ELLE EN MESURE VINGT
Sur la visuel La Merveilleuse mesurait exactement 9 cm de diamètre. Ce constat permettait au chercheur de choisir le diamètre de la pointe comme élément de référence (60 mm ou 20 lignes vaudoises) et non le diamètre du mouvement (45 mm ou 20 lignes
d’horlogerie de 2,25 mm).
Rappel de la solution
1. L’étoile des jours tracée sur la carte (au plus tard à la fin de cette énigme)
2. La détermination de l’année d’écriture des énigmes par Jean R. en 1894
3. Les 7 jours de la semaine attribués à chacun des 7 points inscrits sur la carte (solutions des 7 premières énigmes)
4. Une pointe tracée aboutissant dans le Lac Brenet
5. Un nom à noter: LAC BRENET
6. La mesure: la ligne vaudoise, soit 3 mm
Pièges/fausses pistes
- Le fait de relier les points notés comme pointes de l’étoile.
- Les anomalies de la montre qui ne contribuaient pas à la résolution de l’énigme
- Le fait que les diamètres respectivement du mouvement et de la boîte de La Merveilleuse mesurent les deux 20 lignes: d’horlogerie pour le mouvement, vaudoises pour la boîte!
- L’Universelle, dont la date de vente pouvait semer le doute sur l’année de déroulement du jeu.
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